Seen from Space : En parole, l’internaute passif est une fiction

Interrogés sur leurs usages et attitudes en matière de vie privée en ligne, les consommateurs ne semblent pas rester passifs. Une étude récemment publiée au Royaume-Uni apprend ainsi qu’une forte majorité (70%) des 2.009 individus interrogés utilise une ou plusieurs méthodes pour masquer leur identité en ligne. Cela va du surf en mode privé à la gestion rigoureuse de l’historique et des cookies, en passant par l’utilisation de moteurs de recherche ou de navigateurs sans tracking, et aussi de fausses identités.
Ces comportement sont-ils limités à nos voisins d’Outre-Manche ? Pas vraiment. Le Global Web Index (GWI) nous apporte des chiffres assez concordants pour la Belgique : 54% des répondants affirment gérer leur historique de navigation, 43% décliner les cookies, 31% utiliser un bloqueur de publicité (avec ici la plus forte différence Nord/Sud, pratiquement 10 points de pourcentage), 30% un mode privé de navigation et 21% un VPN.
L’analyse par segment montre que les plus gros amateurs de privacy en ligne sont les jeunes générations et les hauts revenus, sans grande surprise. Mais l’examen plus fin des données montre que ces comportements déclarés (et pas observés, pour rappel) ne sont pas nécessairement systématiques. Ils peuvent par exemple concerner un appareil, mais pas nécessairement l’ensemble des moyens d’accès à Internet.
Et puis il y a aussi ce qu’on déclare et ce qu’on pratique en réalité : ainsi 49% des individus interrogés par l’enquête britannique disent utiliser Safari comme navigateur principal. Or, Statscounter nous apprend qu’au même moment (février 2023) la part du marché du même Safari était d’un peu moins de 32%, loin derrière Chrome, à près de 51%. Ce n’est pas que les répondants racontent n’importe quoi, mais il peut avoir de multiples raisons de divergence : mémoire approximative, utilisation de plusieurs appareils, humeur du moment, etc.
Ces chiffres déclarés ont au moins une valeur : les moyens de sauvegarder son identité en ligne sont bien connus et cela devrait renforcer à terme leur utilisation. L’étude anglaise a un autre intérêt : elle suggère que le “contrat” constitutif d’Internet, à savoir le deal “données personnelles contre accès gratuit”, est sous pression. On compte en effet autant de répondants pour l’accepter que pour le contester.
L’internaute passif en matière de privacy ne l’est plus en paroles, mais il n’est pas encore systématiquement actif sur tous les fronts. Pour enrayer ce phénomène, une approche respectueuse et transparente de la donnée personnelle est plus que jamais nécessaire. Une belle feuille de route pour la pub digitale…
Rédaction : MM.
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