Le secteur flamand des médias se trouve à un tournant crucial. Le rapport récemment publié par le Vlaamse Regulator voor de Media, intitulé « Mediaconcentratie in Vlaanderen 2025 », avertit que la combinaison des géants internationaux (GAFAN) et de la digitalisation du marché augmente considérablement la pression financière sur les acteurs locaux. Les recettes publicitaires sont sous pression, les marges diminuent et la diversité du paysage médiatique flamand est menacée.
Bien que le chiffre d’affaires des groupes médiatiques soit resté stable ou ait légèrement augmenté ces dernières années, le nombre d’employés diminue et les bénéfices des entreprises continuent de baisser en raison de la hausse des coûts de distribution, de l’inflation et des conditions concurrentielles du marché. Seuls cinq grands groupes – VRT, DPG Media, Mediahuis, Roularta Media Group et Play Media – dominent les produits médiatiques classiques, DPG Media étant le seul à se profiler comme un groupe entièrement cross-média.
Radio et télévision : concentration et dépendance
À la radio, la VRT continue de détenir plus de la moitié des parts de marché, même si la part des radios en réseau augmente légèrement. La transition vers la radio digitale (DAB+) offre des opportunités pour une concurrence accrue, mais la concentration reste élevée.
À la télévision, la concurrence pour les droits de diffusion est mise sous pression par les plateformes de streaming internationales. Ainsi, DAZN détient tous les droits sur le football belge, ce qui rend les diffuseurs locaux financièrement vulnérables. Fin 2024, des chaînes commerciales telles que VTM (DPG Media) et Play (Telenet) ont tiré la sonnette d’alarme concernant des pertes structurelles à partir de 2026, en partie en raison du nombre croissant de « cord cutters » (personnes qui se désabonnent de la télévision payante) et du transfert de la publicité vers des plateformes telles que Netflix, YouTube et TikTok. Les diffuseurs régionaux, tels que Focus-WTV, se développent, mais restent vulnérables.
Production audiovisuelle : le succès sous pression
Les maisons de production flamandes connaissent un essor créatif, avec des budgets plus élevés et des productions locales à succès, comme sur Streamz qui a enregistré une croissance de 52% du temps de visionnage en 2024. Néanmoins, le secteur reste dépendant du financement public, et la hausse des coûts menace les petites maisons de production. Les investisseurs étrangers tels que Banijay et Warner Bros. gagnent du terrain, tandis que la VRT est autorisée à investir stratégiquement dans deux maisons de production dans le cadre du nouvel accord de gestion 2026-2030.
Presse écrite : transition digitale
La presse écrite continue de lutter contre la baisse des tirages et des recettes publicitaires, mais les abonnements digitaux offrent des opportunités. Des journaux tels que De Tijd, De Morgen et Het Laatste Nieuws réalisent désormais plus de 48 à 77% de leurs ventes sous forme digitale. Les magazines et la presse gratuite y parviennent beaucoup moins bien, ce qui accroît leur pression financière.
En ligne et distribution : coopération et concentration
Les entreprises de télécommunications investissent dans les réseaux de fibre optique et recherchent des partenaires pour mettre en place une infrastructure pérenne. L’autorité belge de la concurrence lance une enquête sur le fonctionnement du marché. Les nouveaux acteurs tels que DIGI gagnent pour l’instant peu de terrain, tandis que les opérateurs existants consolident leur part de marché.
Le communiqué de presse complet et le rapport sont disponibles sur le site web de la VRM.
