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Lancement de BPX : Les éditeurs belges travaillent ensemble et soulignent la valeur d’un journalisme de qualité

Lancement de BPX : Les éditeurs belges travaillent ensemble et soulignent la valeur d’un journalisme de qualité

Le jeudi 22 mai, BPX (Belgian Publishing Experience) a celebré son lancement – un moment pivot pour le secteur des médias belge. Plus de 150 professionnel·les du monde des médias et de la publicité se sont réuni·es pour découvrir la vision et les ambitions de cette nouvelle fédération.

BPX réunit les cinq plus grands éditeurs belges – Rossel, IPM, Roularta, DPG Media et Mediahuis – qui ont uni leurs forces depuis le mois de février. Leur objectif commun : renforcer l’importance et l’impact des médias d’information et des contenus locaux. BPX vise non seulement à mettre en avant l’importance du journalisme indépendant, mais aussi à faire le lien entre les éditeurs et les annonceurs.

Avec l’événement de lancement « The Future Belongs to the Originals », BPX a donné le coup d’envoi de cette ambition : une coopération renforcée, une voix claire pour le secteur et une vision d’avenir pour les médias en Belgique.

Gauthier Elslander, directeur général de BPX, a annoncé le début d’une après-midi passionnante en lançant un appel :

« Il est temps de se recentrer sur l’essentiel et de s’appuyer sur les forces du secteur belge des médias. Nous devons prendre encore plus de responsabilités et maintenir un lien solide avec nos utilisateur·rices et la société. »

Lors de son discours d’ouverture, Gauthier Elslander a également donné un aperçu des projets futurs de BPX. En s’appuyant sur trois piliers stratégiques, BPX vise à se positionner rapidement comme une valeur ajoutée indéniable dans le paysage médiatique belge. Ces trois piliers constituent le fondement de leur ambition :

  • Educate – BPX s’engage à former les professionnel·les des médias, quel que soit leur âge ou leur niveau d’expérience. Le but est d’atteindre cet objectif grâce à une offre de formation diversifiée, au partage de la recherche et à la diffusion des meilleures pratiques.
  • Federate – En construisant activement des ponts avec d’autres fédérations, BPX vise à créer un paysage médiatique plus fort et plus connecté.
  • Innovate – L’innovation est le cœur battant de BPX, avec trois opportunités : le développement d’une plateforme commune d’achat de publicité, la création d’un programme de partages de données entre les éditeurs, et une attention particulière au contenu créatif et aux stratégies innovantes.
    « Nous nous éloignons du carcan de la publicité standard. Notre ambition est de faire les choses différemment et de nous améliorer», a déclaré Gauthier.

Gauthier Elslander, Managing Director de BPX, et Danny Devriendt, modérateur de l’événement.

 

Les participant·s ont ensuite assisté à une table ronde avec les rédacteur·rices en chef de cinq grands journaux belges. La discussion a été aiguillée par le modérateur expérimenté Danny Devriendt (directeur général d’IPG/Dynamique), qui a guidé le débat en posant des questions pointues et substantielles.

Les panélistes étaient :

  • Remy Amkreutz – rédacteur en chef de Humo et De Morgen (DPG Media)
  • Karel Verhoeven – rédacteur en chef de De Standaard (Mediahuis)
  • Anne-Sophie Bailly – rédactrice en chef du Vif (Roularta)
  • Dorian de Meeûs – rédacteur en chef de La Libre Belgique (IPM)
  • Béatrice Delvaux – rédactrice en chef du Soir (Rossel)
Les panélistes (de gauche à droite) : Remy Amkreutz (De Morgen et Humo), Karel Verhoeven (De Standaard), Anne-Sophie Bailly (Le Vif), Dorian de Meeûs (La Libre Belgique) & Béatrice Delvaux (Le Soir)

 

La diversité de leurs points de vue, de leurs expériences et de leurs préoccupations communes a permis d’enrichir le débat. Nous présentons ci-dessous quelques-unes de leurs principales conclusions.

La confiance du public en période de changement

C’est un sujet qui revient souvent dans le débat public : la perte de confiance dans les médias traditionnels. Mais ce préjugé est-il fidèle à la réalité ? Comment cette perception est-elle appréhendée par les rédacteur·rices en chef eux et elles-mêmes ? C’est avec ces questions stimulantes que le panel de discussion a démarré.

Les rédacteur·rices en chef reconnaissent que la confiance dans les médias a effectivement diminué selon les chiffres récents, en particulier depuis la pandémie du covid-19. Cependant, ils plaident pour la nuance. « La confiance dans les médias est étroitement liée à la confiance plus générale dans la démocratie et la politique », a souligné Karel Verhoeven (De Standaard). « En outre, les chiffres peuvent varier considérablement d’un média à l’autre. Par exemple, la confiance dans les radiodiffuseurs publics est de 78%. Ces chiffres ne sont pas bas et donnent une image différente et plus équilibrée que celle qui est souvent présentée. »

Anne-Sophie Bailly (Le Vif) reconnaît la présence de voix critiques, mais souligne en même temps que « la demande de contenu fiable, approfondi et éducatif – produit par les médias traditionnels – reste élevée, surtout en période de turbulences. Le tableau est donc plus nuancé qu’on ne le pense souvent ».

Dans cette optique, le renforcement de la confiance du public est une priorité partagée par tous les départements éditoriaux. Dorian de Meeûs explique que les rédacteur·rices de La Libre Belgique sont pleinement engagé·es dans des formats innovants pour promouvoir l’interaction avec le public. « Aujourd’hui, le lectorat ne veut pas seulement être informé, mais aussi être activement impliqué. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur le dialogue afin de renforcer la confiance. »

Les rédacteur·rices en chef soulignent également que la vérification des faits est le fondement indispensable d’un lien de confiance solide entre la presse et le public. Béatrice Delvaux (Le Soir) l’affirme avec justesse : « Nous ne rapportons pas des informations aléatoires, mais des faits. La lutte constante contre les fake news, soutenue par un fact-checking approfondi, est cruciale pour maintenir la confiance de notre lectorat. » Cependant, ils précisent également que les rédacteur·rices en chef ne doivent pas se perdre dans la réfutation de toutes sortes de fake news. Karel Verhoeven (De Standaard) explique : « Il y a tellement d’absurdités qui se répandent que, si nous réagissons à tout, nous perdons notre propre programme d’information. Nous devons rester concentrés et décider par nous-mêmes ce qu’il faut prioriser. »

Golden Age of Journalism : la liberté de la presse, une chance

La deuxième question posée par Danny au panel portait sur le rôle et la pertinence de la presse en tant que quatrième pouvoir – une position qui est de plus en plus mise à l’épreuve, notamment en raison du déclin de la liberté de la presse dans des pays tels que les États-Unis et la Turquie. Pour les rédacteur·rices en chef, ces évolutions sont un signal d’alarme urgent pour la profession de journaliste. Ils soulignent que les journalistes ne doivent pas se perdre dans une attitude de victimisation, mais plutôt saisir ce contexte difficile comme une occasion unique de redéfinir et de renforcer leur profession. Selon eux, c’est précisément en période de vents contraires croissants que la valeur d’un journalisme indépendant, critique et engagé doit faire ses preuves.

Béatrice Delvaux (Le Soir) souligne que de telles situations mettent en évidence l’importance d’une « mentalité de start-up » au sein du journalisme. Les valeurs fondamentales telles que l’indépendance, la flexibilité, la spécificité et le dynamisme doivent rester les piliers fondamentaux de la profession de journaliste à l’avenir. Béatrice indique :

« Contrairement à d’autres régions, en Belgique, nous avons la liberté d’adopter pleinement cette mentalité. Nous avons l’espace nécessaire pour apporter des informations exactes et partager une riche palette de perspectives. De ce point de vue, nous vivons actuellement un âge d’or du journalisme et il nous appartient de le maintenir et de le renforcer. »

Les rédacteur·rices en chef plaident pour une couverture équilibrée et positive

Les rédacteur·rices en chef s’accordent sur l’importance de fournir de actualités positives dans le paysage médiatique belge. Ils soulignent à quel point il est important de rester fidèle à ses propres valeurs éditoriales, tout en laissant de la place aux différentes perspectives. Ce faisant, ils mettent l’accent sur un journalisme orienté vers les solutions, qui prête attention non seulement aux défis, mais aussi aux possibilités et aux opportunités qui se présentent.

Remy Amkreutz (De Morgen et Humo) explique : « Nous rendons compte des crises sans en minimiser la gravité, mais en optant résolument pour une approche constructive. Nous pensons que cela contribue à un monde meilleur. » Dorian de Meeûs (La Libre Belgique) abonde dans le même sens : « Dans nos choix éditoriaux, nous nous efforçons de donner suffisamment de place aux actualités positives. Nous ne recherchons pas constamment les histoires les plus ludiques, mais nous essayons de faire ressortir l’humanité et l’authenticité dans nos histoires. »

Béatrice Delvaux (Le Soir) partage l’avis des deux rédacteurs en chef. « Nous espérons que certains messages pourront être apaisants et rassurants, sans pour autant nier les réalités contemporaines. »

La presse en transition : créativité et connexion comme points d’ancrage

L’événement a permis de discuter en détail du défi crucial de la connexion avec les jeunes générations et de la nécessité pour la presse de se positionner clairement dans un paysage médiatique en mutation rapide.

Anne-Sophie Bailly (Le Vif) a souligné que si les valeurs fondamentales du journalisme sont inébranlables, la véritable question qui se pose aujourd’hui est la suivante : « Comment atteindre chaque lecteur·rice (potentiel·le) d’une manière personnelle et significative ? »

Les panélistes partagent la conviction que cette transition est enrichissante. Elle oblige les rédacteur·rices à enrichir leur boîte à outils journalistique de nouveaux outils créatifs. Pourtant, le travail est loin d’être terminé. Remy Amkreutz (De Morgen et Humo) a déclaré : « Nous sommes sur la bonne voie. Nous savons quels modèles et quelles plateformes déployer et nous parvenons à attirer de nouveaux publics. Mais la question demeure : comment assurer la viabilité financière de ces activités ? »

Tous les rédacteur·rices en chef sont d’accord pour dire qu’un modèle de revenu durable est essentiel. À cet égard, ils voient beaucoup d’avenir dans les stratégies de marque fondées sur des valeurs morales et sociales. Karel Verhoeven (De Standaard) l’a bien exprimé :

« Nous ne devons pas devenir des influenceur·euses pour les 15-16 ans. Nous devons montrer à cette génération notre force en tant que médias traditionnels : nous pouvons indiquer ce qui a une valeur essentielle. Les questions que chaque journaliste devrait se poser sont donc les suivantes : Comment pouvons-nous être suffisamment utiles aux abonné·es ? Comment pouvons-nous fournir les informations qui enrichissent les lecteur·rices chaque jour ? »

L’IA dans le journalisme : entre opportunités et prudence

Le rôle de l’intelligence artificielle a également été longuement discuté. Danny Devriendt a demandé aux rédacteur·rices en chef comment l’IA jouait déjà un rôle dans leur travail éditorial aujourd’hui, et comment ils et elles évaluaient l’avenir de cette technologie dans le journalisme.

Les avis sont unanimes : il n’y a pas lieu de paniquer, mais le débat doit être actif. Béatrice Delvaux (Le Soir) a rappelé qu’à l’arrivée d’internet, on craignait aussi que les journalistes perdent leur identité. « Cette révolution technologique nous a encouragé·es à aller plus vite et à investir dans de nouvelles possibilités », a-t-elle déclaré.

Les rédacteur·rices en chef s’accordent à dire que l’IA peut renforcer le journalisme. Dorian de Meeûs (La Libre Belgique) a indiqué que l’IA au sein de la rédaction permettait déjà de gagner du temps, créant ainsi de l’espace pour des recherches approfondies et des articles de qualité.

Toutefois, la vigilance est de mise. Des lignes directrices et une législation claires sont nécessaires, a souligné le panel : « Une utilisation équilibrée de l’IA est également un combat pour notre démocratie ». Il est donc à espérer que les gouvernements et l’Union européenne continueront à se concentrer sur l’éthique et la déontologie.

Enfin, le rôle des entreprises technologiques américaines a également été abordé. « Nous sommes conscients que nous ne pourrons pas nous affranchir complètement des grandes entreprises technologiques de sitôt », a déclaré Remy Amkreutz, « mais il est logique d’ancrer autant que possible localement des parties essentielles de notre production. »

Aller vers l’avenir avec confiance

Danny Devriendt a conclu ce panel fascinant par une question judicieuse : « Qu’est-ce qui vous empêche de dormir en tant que rédacteur·rices en chef ? » Immédiatement, les réponses étaient tout sauf pessimistes. Au contraire, chacune d’entre elles reflétait une vision résolument tournée vers l’avenir et une attitude pleine d’espoir. Les rédacteur·rices en chef ont souligné les défis, mais ont surtout regardé vers l’avenir avec confiance et détermination pour renouveler et renforcer le secteur des médias – un état d’esprit qui correspond parfaitement aux ambitions et aux valeurs de BPX.

Le message de BPX est clair : l’avenir des médias belges passe par une implication locale, des partenariats solides et de nombreuses opportunités de croissance et d’innovation.

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